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Un peu de patience...

L’Open c’est pour qui cette année ?

2 juillet 2021

Fabien Guilloteau nous a reçu ce jeudi chez lui. Accompagné de Dany, ils se réunissaient pour mettre en commun leurs analyses respectives du road-book reçu depuis peu. Une interview qui s’est terminée en discussion à bâtons rompus, très enrichissante.

Fabien Guilloteau (à gauche) et Dany Lapierre (à droite), repartent pour une 3ème édition du Vendée Raid !

Dany Fabien, merci de nous recevoir à 48h du départ.
Pourquoi vous venez au Vendée Raid ?

Fabien : Parce qu’on aime le sport nature, multi activité, course d’orientation,  canoé, etc. Et le principe de ce raid il est extraordinaire. Donc on vient au Vendée Raid.

Dany : et puis on est dans grands joueurs. Là c’est un grand jeu format xxl donc ce défi nous attire

Pour vous resituer :
Fabien tu abandonnes en 2017.
Dany tu finis 14ème avec Michaël Bouyer, 264 points en 18h36’53.
Et en 2019 vous remportez l’Open avec 411 points, devant A MI CHEMIN de Freddy Boire et Christophe Guilet 394 points.

Dany : 411 sur 440 ?

Respecter le Raid en essayant de le finir d’abord !

Vous allez partir pour essayer de devenir les doubles tenant du titre et ce de façon consécutive. Ca n’a jamais été accompli par le passé. ET pourtant. En 2015 c’est Julien Charlemagne qui l’emporte avec Raphaël Raymond. Il se représente en 2017 et termine 2ème derrière Arnaud Le Lay et Ghislain Girouard. Pourtant Julien Charlemagne ce n’est pas un petit morceau. Il est quadruple champion de France, champion d’Europe de raid… Il vient et perd pour 1 balise. Ça vous fait peur ?

Fabien : Pour ma part… Tu as regardé les stats. Je viens deux fois, j’abandonne et je gagne. J’ai autant de risque d’abandonner que de gagner. Quand tu commences le Vendée Raid tu ne peux pas penser gagner. D’ailleurs il ne faut même pas penser à gagner. Il y a tellement de choses à voir et ça passe dans tellement d’endroits qu’il faut être lucide sur ce qu’on est en train de faire.

Dany : C’est surtout dans la tête des gens qui te disent :  « Tu l’as déjà fais une fois, gagné une fois. Tu le refais cette année, du coup que vises-tu ? Quel est l’intérêt de revenir ? » Mais pour y avoir pris part à deux reprises, la 1ère victoire c’est de le terminer.

Fabien : La 2ème c’est de réussir à ne pas se tromper et voir les passages par ou on passe. Quand je vois ce qui a été proposé il y a deux ans. C’était tellement magnifique les endroits par où l’on est passé… La CO place Napoléon … Il faut être assez lucide pour savourer.

Dany : Le format de la course fait qu’on ne sait pas ou sont les autres. On ne peut pas être dans la compète au fur et à mesure de la course. On fait du mieux qu’on peut. L’objectif n°1 c’est d’arriver au bout.

Fabien : La compète est envers nous. Elle n’est que dans notre couple. Est-ce qu’on va réussir à se coordonner à se comprendre. Va-t-on avoir les moments forts ensemble, faibles ensembles ? C’est ça en fait. C’est être le plus efficace possible dans les sections et dans l’enchainement des sections.

Talon-Debarre, Gonnord-Vergnaud, Geffard-Pineau, Boire-Guilet

Une grande bagarre s’annonce !

Est-ce que vous allez réussir à faire abstraction de l’adversité ?

Dany : C’est une clé de la réussite. Tu es tellement dans ta carte, c’est tellement long que si tu t’occupes de ce que font les autres à droite à gauche je suis sûr que tu le payes 5 à 10’ après. Il faut faire abstraction.

Fabien : Si tu utilises une partie de ton cerveau pour regarder ce qui se passe autour de toi, ce que font les autres… et bien tu n’es plus dans ta carte.

Juste pour info tout de même. Parce que nous allons assister à une belle bagarre. Pour nous ça va être sympa. Je vous nomme quelques adversaires, tous les favoris ne sont pas identifiés :
RSE : Nicolas Talon et Quentin Debarre (42ème en 2015, mais aussi 15ème sur le 120km du GRP en 2017, 4ème des Hospitaliers, 26ème sur l’Ultra de Madeire…)

Fabien : Gros physique

RSE Samuel Gonnord et Emilien Vergnaud (Samuel Gonnord a réalisé les cartes pour le Vendée Raid jusqu’à l’édition passée, mais aussi 14ème et 15ème sur l’Endurance trail des templiers en 2013 et 2015…)

Fabien : Très bon orienteur !

A MI Chemin : Freddy Boire et Christophe Guilet  2èmes en 2017 avec 394 points, 8èmes en 2017- 16ème en 2015, 20ème en 2013 pour Freddy Boire et 28ème pour Christophe-6ème mixte)

Fabien : Ils sont très forts, très forts en vtt.

Chantonnay raid : Geffard Pineau (8-9 en 2013, Pineau 4ème en 2017-3ème H-, 8ème de la Finale 2019)

Fabien : Ça ce sont des grosses teams.

Il y a du lourd non ?  Vous en voyez d’autres dans la liste que j’aurais oublié ?

Fabien : Sur ce type de course, plus c’est long plus ça se nivelle. Celui qui gagne c’est celui qui fait le moins d’erreur.  Sur 24h tu as le temps de faire des boulettes de malade.

Dany : On peut perdre 10’ sur des mauvais choix. Une balise d’écart sur une crevaison. Ça peut jouer. Les choix ce sera le facteur 1.

Revenons sur des choses qui fâchent.
Fabien peut-on revenir sur ta première expérience du Vendée Raid ?
Raconte-nous.

Fabien : Moi je n’aime pas le soleil. Je monte vite en température. Il y avait 2h de canoé à St Gilles dans les marais. Ma gourde s’est vidée. J’ai bu 10cl d’eau en 2h. J’ai bu 1L direct sur la petite CO qui suivait mais c’était très dur. J’ai maintenu le cap comme je pouvais mais arrivé à Aizenay c’était fini. J’étais en déshydratation. J’ai dormi les 4h de la nuit mais je n’ai pas récupéré. J’ai redormi 2h et après c’était bon. Mais trop tard… Il manquait 2h. J’ai eu la même peur l’année passée. Mais le canoé s’est déroulé dans la vallée de l’Yon. On a passé notre temps dans l’eau donc je n’ai pas chauffé. Ca m’a même fait du bien.

La solution finalement c’est de nager en tirant le canoé.

Dany : Hé hé avec la corde entre les dents.

Fabien : Se foutre à l’eau plus souvent c’est salvateur. Mais ça montre la difficulté du raid. D’abord il faut terminer. Ça nous remet à notre place.

Et toi Dany. La première c’était avec Michaël Bouyer. Il est à présent co-directeur de course du Vendée Raid, c’est ton collègue de tous les jours. Ça doit en causer pas mal au collège non ?

Dany : Ce n’est pas facile. Surtout en ce moment. Il ne dit rien, rien, rien. Ou alors il fait des : « AHHH ! Tu verras bien ! » Et oui on était partenaire lors de notre 1ère édition. Mais il est passé au RAPV.

Comment vous êtes-vous mis ensemble ?

Fabien : On fait tous les deux parties de la même asso : Raid Apte. On faisait tous les 2 des CO avec d’autres personnes Raid Apte et on s’est retrouvé sans partenaires. On s’est fait quelques petits raids et c’était parti.
Et d’avoir 2 orienteurs dans un raid comme ça c’est pas mal. Parce que le cerveau a besoin de se relâcher un peu.

Dany : Quand il y en a un qui passe la carte à l’autre il sait qu’il le fait en toute confiance.

Lucie Croissant évoquait leur organisation. Il y avait Vincent Faillard qui orientait partout mais Noémie Médina était 2ème orienteuse en VTT et elle l’était en CO. Ils orientent tous différemment et cela permet de moins se tromper.

Fabien : Ça c’est une vraie logique. De toute façon sur un raid comme ça on va forcément se planter. Alors où ? Comment ? A 2 on évite des erreurs. Mais comme à deux on va en faire quand même, c’est la capacité à rebondir sur cette erreur. Changer de projet, faire demi-tour. Faire le bon choix. A deux on se décide vite.

Essayer de déchiffrer le Road-book.

Vous avez reçu le road-book ! Est-ce que vous faites partie des gens qui essayent de tout deviner avant le VR, de récupérer tous les indices, regarder les cartes de Vendée ?

Fabien : On regarde tout ce qui est proposé avec le road-book oui.  On analyse et on fait nos choix sur ça. Mais pas plus.

Dany : Je n’imaginais même pas qu’il y en ait qui fasse ça.

Fabien : Et puis par rapport à nos envies c’est aussi de découvrir les lieux etc. Ça enlève la découverte et le plaisir de découvrir.

Dany : Je ne peux pas nier, que suite aux annonces de votre président, que le départ à lieu à Noirmoutier et les différents indices… il y a un petit jeu de devinettes à faire. C’est peut-être par ici ou par là. Mais pas plus. J’ai vu aussi que vous avez refait d’une édition à une autre beaucoup beaucoup de cartes. De la nouveauté il y en a forcément. C’est aussi ce qui est hyper intéressant. Je connais bien le secteur de Challans parce que j’en suis originaire mais à aucun moment entre Noirmoutier et le Poiré où va se placer Challans dans la carte, où il y aura… Je ne sais pas où on va passer du tout.  

Fabien : En revanche cette analyse du road book il faut forcément la faire. Comme tu fais toujours des choix et que parfois tu ne peux pas en faire durant la course… Il faut anticiper les choix possibles. Et il y a la réalité du terrain et on doit s’adapter. Je trouve ça génial… Je ne sais pas si les créateurs du raid le font exprès, d’orienter une section en se disant il faut tout prendre et en fait la façon de faire la section fait que c’est impossible et il faut changer de choix. Et inversement. Le genre de section comme celle de Saint Hilaire de Riez où l’on se dit on ne peut pas les prendre. On fait des km et des km sans voir de balises et tout quand on arrive dans Saint Hilaire tu en vois à chaque coin de rue… Tu te dis là il faut changer de plan. Maintenant on est là et elles sont toutes les 30 secondes… Il faut y aller. Ce changement de choix je ne sais pas s’ils le calculent ? J’adore en tout cas.

Dany :  Sur le road-book ils mettent quand même un petit indice de difficulté. C’est un bon indicateur. Après ça dépend des profils. Il doit y avoir des binômes très rouleurs pour qui une difficulté 5 en VTT ce sera ok.  Sur un raid comme ça les petites indications sont hyper importantes. 3 ca roule mais il ne faut pas trop trainer quand même. Attention aux touristes ! » Bon voilà ! Qu’est-ce que ça peut bien vouloir dire.

Fabien : les petits commentaires sont super.

Comment on se prépare physiquement pour le Vendée raid ?

Fabien : Je me suis bien préparé mais pas de spécifique. On travaille le fond. C’est surtout faire quand on peut. Quelques sorties longues pour encaisser.

Dany : On a des moments plus rythmés dans l’année. On part un peu en montagne et on se fait quelques trails vendredi samedi dimanche avec du dénivelé. On prend un bon bol d’air. On essaye d’habitude de faire un raid avant un peu tous les mois mais cette année…

Fabien : Et cette année on a fait pas mal de raid off dans l’asso, de petites CO de 4H30

Dany : Il y a eu au sein de l’asso 3 gros évènements. Et puis après il y a toujours un ou deux coyotes de dispo pour aller courir. La motivation y est car il y a toujours quelqu’un de dispo. Perso j’ai fais un week-end à Annecy. J’ai combiné l’utile à l’agréable. J’ai fais 4h de vélo et ma femme m’a rejoint sur la route avec les enfants et on a fini en voiture.

Et mentalement ?

Fabien : Il faut rester sur du jeu, le plaisir et la chance de vivre ça. E plus cette année ! Il n’y a rien d’organiser et le Vendée raid se fait. C’est un cadeau. Oui ce sera dur mais ce sera cool. Il suffira de croiser notre regard, croiser une autre équipe raid apte, un petit chambrage et hop c’est reparti. Le mental est là.

Dany : Je cherche un peu ça. Je sais que ça va être dur mentalement à un moment, surtout à plusieurs moments. Le jeu c’est d’essayer de le savoir. Et avoir le collègue qui te relève. Et puis si ça se trouve 1H30 après c’est l’inverse. C’est ça aussi qui est intéressant.

Qu’est-ce qui est dur dans ce raid ?

Dany : Se préparer physiquement. C’est dur d’être régulier et assidu dans l’année. Il faut que ça devienne facile dans l’année. Quand on est dedans c’est de rester concentrer, rester lucide et concentré.

Bip ! Bip ! Bip !

Les balises

Le fait qu’il y ait énormément de balises ça apporte quoi ?

Dany : Ça t’empêche de dormir la nuit les balises. Ça fait bip bip bip.

Fabien : Ça rajoute du jeu. Ça permet d’enchainer et le temps passe plus vite. Ton cerveau toujours en activité.

Dany : Tu ne te rends pas compte qu’il y en a eu 400

Fabien : Ça t’empêche de penser à manger. Le fait qu’il y ait de stops obligatoires ça va nous aider. Tu sais que toutes les 4 ou 5 heures il y a un endroit pour te ravitailler.

A quoi vous attendez-vous ?
Ndlr : après avoir beaucoup discuté, la stratégie de l’équipe s’est mise à nu. Nous avons décidé de ne pas publier cet extrait.
Qu’est-ce qui fera la différence ?

Fabien : La fraicheur, lucidité. Si tu te mets à marcher quand il faut courir tu perds du temps. Et là même si tu n’es pas un bon orienteur, dans ces cas là si tu as la forme tu cale 10’ aux autres ; Après la lucidité dans les choix.  

Un duo d’orienteurs.

Dans votre duo, qui est chargé de quoi ?

Fabien : Ce qui est intéressant dans notre duo c’est que les deux peuvent tout faire. En CO c’est moi et en VTT’O c’est plus Dany. En canoé c’est Dany. Celui qui bipe le 1er il prend direction la suite. Donc si on tombe tout le temps pile-poil sur la balise, le 1er continue. Dès qu’il va faire une petite erreur et l’autre va se retrouver à biper avant parce qu’on a fait 10m de trop, c’est le 2ème qui prend la suite.

Dany : Tu es plus orienteur globalement sur l’ensemble. Sur les portions VTT c’est un peu plus moi. Quand tu es dans la roue de l’autre et que ça roule bien il a le nez dedans et c’est confortable. Il y a un orienteur et un œil. Car pour voir les balises dans la forêt il faut être vigilant.

Fabien : quand on est dans la carte il faut donner les bonnes infos à l’autre. Parfois la balise elle est visible d’un endroit mais comme on n’a pas l’info qu’il faut regarder à droite, au loin, à 100m… On ne cherche pas au bon endroit donc on ne la trouve pas. La communication est hyper importante.

Dany : En fait ce n’est pas clairement défini sur le papier tu fais ci tu fais ça. Mais quand on a démarré et que ça marche on ne change pas.

Fabien : exemple de la dernière CO d’il y a 2ans, je prends la carte. On n’est pas au bon endroit. Je n’arrive pas à me mettre dedans. Ça l’énerve, il prend la carte. Il prend 10-12 balises et j’arrive à peine à suivre je ne comprends pas. Et il craque, je prends le relais et c’est lui qui suit. D’être concentrer, d’anticiper la balise d’après tout le temps, c’est dur.

Dany : Et tu sens les choses. Tu suis. On a chacun notre carte. On regarde. On dit deux trois mots et on est d’accord. Je vois qu’il est concentré, ça suit et paf.

Fabien : C’est quand tu commence à chercher une balise, deux balises…là il faut changer de rôle.

Un mot à ajouter ?

Fabien : C’est génial ce que vous faites ! C’est simplement un truc de fous. Il faut le dire parce que nous on mange ce que vous avez préparé. C’est tout.

Dany : Moi les deux éditions précédentes quand je suis arrivé j’ai dit que je ne le ferai plus jamais. Tu vois ! Mais ce n’est pas possible. J’entends Michaël : « ce week-end on était encore en reco. » Tu le vois les mecs ils y retournent encore et encore. Ils y vont, ils font des cartes.

Fabien : Quand on sait le temps qu’il faut pour faire UNE carte, quand on organise une course d’orientation… Et là tu regardes et il y en a 25. C’est une organisation de malades. Et ça se passe juste à côté de chez nous. Ça donne même envie d’en faire. Là je pense qu’à Raid Apte d’ici peu de temps on va vouloir rendre la pareille et on va organiser des trucs.

Merci à vous et bon courage pour samedi et dimanche.

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